Eh oui, cela arrive..... Un incident, un accident qui change vos projets, votre parcours initial....... C'est le cas, suite à ce qui est arrivé, malheureusement, au voilier Marie-Soizic que je devais rejoindre à Santiago de Cuba le 6 avril prochain afin de monter à son bord auprès de ses propriétaires, Marie-Françoise et Alain.
Marie-Soizic a démâté...

En effet, début du mois de mars, au large de l'île de Porto Rico, Marie-Soizic a démâté. Le mât est tombé en douceur, occasionnant des dégâts matériels, mais heureusement sans blessure physique aux occupants qui étaient à son bord à ce moment. Marie-Françoise, Alain et Alain qui bien que choqués et traumatisés moralement, s'en sont bien sortis...... OUf !!! Courageusement, en douceur, avec ténacité et volonté, ils ont pu regagner la marina de San Juan à Porto Rico. Voici quelques lignes de la déclaration d'Alain à la compagnie d'assurance du bateau:
"... Hier samedi 06 mars 2010, mon voilier a démâté au large de Porto Rico vers 10h15 du matin heure locale (15H15 France). Nous étions 3 équipiers à bord, Alain, un ami, Marie Françoise, ma compagne, et moi-même skipper et propriétaire du navire.
Position 18° 35' N 66° 27' W.
J'étais en train de changer l'impeller de la pompe à eau du groupe électrogène dans la cale moteur bâbord, lorsque le sinistre s'est produit. Un équipier était dehors, de quart, lorsque le démâtage est intervenu, vers10H15 locale. Il m'a simplement déclaré, lorsque je suis remonté sur le pont en l'entendant crier, « le mât vient de tomber assez doucement ». En fait de l'intérieur, je n'ai pas entendu de bruit spécial hors l'appel de l'équipier.
Le vent réel était à ce moment de 10 N environ par le 100 tribord et le vent apparent de 14N par le 60 tribord. Le bateau avançait à 7N environ sans aucun choc particulier provenant de la mer. Il y avait une grosse houle de 4 à 5 m, mais très longue.
Le mât n'est pas tombé entièrement à l'eau mais se trouvait, environ pour la moitié, sur le pont comme la photo ci-dessus.
Il s'est avéré impossible soit d'envoyer le mât à l'eau entièrement, soit de le remonter entièrement. Nous n'avions pas la force physique, ni les points de levier nécessaire. De plus, malgré les conditions de temps clémente pour le vent, il y avait une longue houle de 4 à 5 m qui faisait beaucoup bouger le bateau et remuer le mât et la bôme, risquant de blesser l'un ou l'une d'entre nous et de créer des dommages plus importants au bateau.
J'ai pris la décision de stabiliser le bateau en position de cape sèche et fait saisir le mât et la bôme du mieux que nous pouvions ainsi que les parties de voiles qui nous étaient accessibles, stabilisant au mieux les mouvements des espars, améliorant ainsi considérablement la sécurité des personnes et du voilier. J'ai pris la décision que personne ne se mettait à l'eau ni prenait l'annexe pour intervenir sur les parties extérieures au bateau jugeant que les conditions de houle et de non manoeuvrabilité du bateau rendait cela trop dangereux. Nous avons depuis le pont saisi tout ce qui pouvait traîner dans l'eau et risquait de se prendre dans l'hélice bâbord. J'ai fait un essai de marche moteur et jugé que nous pouvions faire route lentement dans cet état. Le voiler était difficilement manoeuvrable, mais suffisamment pour espérer gagner un abri. J'ai décidé de faire route vers San Juan de Porto Rico, distant d'environ 30 M, où nous pouvions trouver un abri sûr, sans doute des possibilités d'interventions, et cela nous rapprochait de la base des Coast Guard.
Sitôt cela fait et le bateau tenant une route correcte sous pilote, j'ai appelé le CROSS Gris Nez afin de l'informer de la situation et de lui permettre de déclencher les éventuels secours en cas de besoin. Nous avons établi un contact toutes les ½ h dans un premier temps, puis avec un délai d'une heure ensuite. La balise de sécurité du bord était prête à être enclenchée.
Je suis rentré par nos propres moyens dans le chenal, j'ai pu correctement tenir la route du bateau et me rendre à San Juan Bay Marina où j'ai pu mouiller le long d'un quai. Le bateau est en sécurité depuis 17h00 locale le 06/03.
Nous n'avions pas pu connaître les causes du sinistre jusqu'à ce moment. Avec l'annexe nous sommes allés examiner le mât. La cause du sinistre est la rupture de l'étai dans le sertissage (voir photos ci-dessous). Cet étai avait été remplacé à une date dont je ne me souviens plus, mais assez récemment (la date est précisé dans le rapport d'expert adressé au cabinet Armanien Nautile Plaisance avant le départ pour notre périple). L'ensemble du gréement avait été révisé, avant le départ pour notre périple en juillet 2008. Il ne présentait aucun signe apparent de faiblesse ou de corrosion, ce qui peut s'expliquer par le fait que la rupture a eu lieu à l'intérieur du sertissage rendant invisible une altération éventuelle. L'âge de cet étai ne laissait en rien prévoir une altération de cette sorte.
Renseignements pris auprès des chantiers locaux et de la marina, le seul intervenant pouvant intervenir avec une grue sur le mât, dégager le voilier et récupérer le maximum de matériels était Arturo Vaello. Nous l'avons contacté, afin de sortir, de l'eau et du bateau, le mât, la bôme, récupérer les voiles, démonter tout ce qui doit l'être et faire une inspection complète, mât à terre des dégâts subis, ainsi qu'une estimation pour assurance de la remise en état.
A vue d'œil, le mât n'a pas de blessure significative ainsi que la bôme. Un étage de barre de flèche apparaît endommagé. L'enrouleur ne semble pas avoir subi de dégâts important dans sa partie basse, mais le tube présente des pliures. Les voiles semblent dans un état très réparables (quelques déchirures pour la grand voile et rupture du point d'amure pour le foc). Les voiles sont en grande patie dans l'eau glauque du port et ne peuvent permettre une bonne visibilité. Le pied de mât est un peu abîmé ainsi que son emplanture. Le radôme du radar ne présente aucune blessure visible. Nous avons récupéré la girouette anémomètre en tête de mât, mais pu le faire pour l'antenne VHF. Nous ne pouvons voir la partie bâbord du pont, sous le mât et la partie des voiles que nous avons ramené à bord, mais le balcon arrière bâbord qui nous a été d'une grande utilité pour stabiliser le mât, est très endommagé et, si les 4 premiers chandeliers ne semblent pas avoir de problèmes, le 5 ne se voit plus. La première tripode barre de flèche a détruit le hublot de la cabine arrière. Vu du dessous, il n'y a rien d'apparent sur le pont bâbord, mais il est à peu près certain que la chute du mât l'a endommagé dessus.
Les mouvements des bateaux dans le port et les rafales de vent (pas plus de 15N) qui font bouger le bateau, provoquent des mouvements du mât qui racle sur le pont et risque d'endommager ce qui ne l'est pas. Il faut dégager le bateau au plus vite et sortir de l'eau tout ce qui est récupérable (mât, grand voile et foc notamment). J'ai donc donner l'accord pour gruter ce qui doit l'être et poser à terre..."

Depuis cette date, l'équipier Alain est rentré chez lui, à Paris, comme prévu. Alain et Marie-Françoise, les propriétaires de Marie-Soizic se sont débattus non sans mal, avec courage, ténacité et volonté auprès de l'assurance et des réparateurs locaux afin d'organiser et d'assurer les réparations. Ils ont essuyé découragements, mais aussi bêtises et bévues diverses. Mais depuis le 18 mars dernier ils ont reçu l'autorisation de réaliser les travaux qui ont commencé ce lundi 22 mars...... Bravo et félicitations à eux pour ce courage et cette volonté de réparer au mieux et au plus vite les dégâts subis par leur voilier.
Il est évident que cette mésaventure change nos projets communs.
Je décolle de Montpellier le lundi 29 mars prochain pour passer quelques jours à La Havane (Cuba). Je devais les rejoindre à Santiago de Cuba (à l'est de l'île), le 6 avril, d'où nous visitions l'île. Comme ils ne sont pas en mesure de me rejoindre à Santiago de Cuba à cette date, j'ai donc supprimé le vol qui m'y amenait à cette date et je l'ai remplacé par un vol qui m'emmenait à bord de Marie-Soizic à San Juan (Porto Rico) à la même date.
De là, pour une question de durée, de date et de distance, nous n'envisageons plus de partir vers le Bélize, la mer de corail, le Honduras, le Costa Rica, Panama et Carthagène en Colombie où le bateau devait hiverner de 2010 à 2011. Dommage, ce sera peut-être pour une autre fois. Mais je suis certain que la croisière que nous ferons sera tout aussi attrayante et que les moments que nous partagerons à bord où en visitant les îles et sites abordés seront vraiment merveilleux. Quand on est passionné de navigation à voile, de voyages et de rencontres humaines, quels que soient les lieux, les dates, les durées, le temps, c'est que du plaisir et du bonheur.
J'ai donc annulé le vol de Carthagène (Colombie) à Trinidad et Tobago où je rejoins le voilier Caramel aux environs du 7 mai pour la deuxième croisière.
Par mail, avec Marie-Françoise et Alain, nous avons ébauché quelques projets qui se décideront et se finaliseront lorsque nous serons réunis à bord.
Voici un projet possible. Visiter Porto Rico, puis aller à Saint Domingue, ensuite se rendre dans les Antilles, nous pourrions nous rendre aux îles Vierges, grillerions St Martin que nous connaissons bien puis nous redescendrions vers la Martinique par Nevis, peut - être Antigua, un peu de Guadeloupe, les Saintes, La Dominique et puis la Martinique. Là, Alain me ferait découvrir la côte au vent où personne ne va. Entre la Martinique ou Trinidad et Tobago, la décision pour l’hivernage du voilier n'est pas encore prise. Il est évident que je préférerais qu'il hiverne à Trinidad ce qui conduirait auprès du voilier "Caramel" qui m'attend début mai pour une autre croisière.
Voilà un beau programme, une belle aventure que j'ai hâte de vivre et de partager avec Marie-Soizic, Marie-Françoise, Alain et vous qui me lisez.
Rendez-vous après mon décollage du 29 mars prochain et quand j'aurai du signal internet pour envoyer la suite de mes aventures, voyages et passions.
Entre temps, portez-vous bien, soyez heureux...